Qu’est-ce que le mindfulness touch ?
Les exercices de pleine conscience (ou mindfulness) connaissent un essor spectaculaire dans les domaines du développement personnel, de la psychologie, du yoga, de la sophrologie, des médecines douces et chez de nombreux professionnels du soin.
Aujourd’hui, certains praticiens du massage découvrent cette approche de pleine conscience et y initient les patients présentant une indication particulière (notamment dans le champ sexologique) ou en recherche d’un véritable lâcher-prise.
Une tradition ancestrale de lâcher-prise
Certaines pratiques traditionnelles indiennes et malaisiennes se réfèrent d’ailleurs à cette approche de pleine conscience, en matière de touchers thérapeutiques et/ou de massages. Ces derniers sont ainsi réalisés sous une sorte de quasi hypnose ou de « veille modifiée », favorisant, dès le début de la séance une première phase volontaire de lâcher-prise mental. Le terme d’hypnose est cependant à prendre avec prudence car le praticien ne prétend pas imposer à son patient – « sous influence » – des choses (ses croyances, ses choix ni ses projections), contre la volonté de son patient ni contre l’éthique,. Mais au contraire le faire accéder à sa propre pleine conscience profonde », dans une démarche de pensée positive ». Le but est en effet de libérer le patient de ses blocages (que la séance préparatoire lui permet d’identifier), pour les lever en pleine connaissance de cause et ainsi sortir de sa zone de confort s’il le souhaite vraiment, de manière éclairée et respectueuse des valeurs du patient. Cette précision est importante, car qui dit hypnose classique dit parfois prise de pouvoir de l’hypnotiseur sur le sujet hypnotisé, en particulier lorsque l’hypnose n’est pas utilisée de manière éthique (par exemple spectacles).
Le lâcher-prise n’est alors plus seulement une fin, comme dans la plupart des massages, mais aussi un préalable pour accéder aux états de satisfaction ou d’insatisfaction primaire les plus binaires.
Le mindfulness touch consiste ainsi à court-circuiter volontairement (et de manière éclairée et consentie) le cerveau gauche, ses règles, ses catégories, ses projection et ses interdits, pour laisser les sensations les plus basiques (épidermiques et viscérales) remonter au niveau de la pleine conscience, sans le filtre ou la censure et surtout la manipulation du cerveau gauche qui en temps ordinaire code comme horribles, insoutenables et surtout inacceptables, des sensations agréables (voire bien davantage), en particulier lorsqu’elles sont sexuellement connotées.
Un état modifié de la conscience para-hypnotique
Le patient – dûment informé – adhère en toute connaissance de cause au but thérapeutique (ou de bien-être) du massage, à son cadre, aux voies empruntées. Il s’engage ainsi de manière éclairée et volontaire, dans une démarche de lâcher-prise, en particulier à travers un travail guidé sur sa respiration, son rythme cardiaque, sa concentration, la salutaire écoute de son corps, la nécessaire bienveillance, à l’égard de lui-même et du monde.
Ce travail liminaire qui peut prendre une quinzaine à une vingtaine de minutes conduit à un état modifié de sa conscience (ou veille parahypnotique) qui lui permettra ensuite de ressentir profondément les stimulations du toucher (ainsi que les sons, les odeurs) sans y associer le moindre jugement de valeur.
Il pourra alors dire de manière strictement objective et binaire : « ça fait du bien », « c’est doux », « c’est agréable » ou au contraire : « ça me fait mal » ou « ç’est désagréable », sans considération morale (comme c’est bien ou ce n’est pas bien), ni souci de « qui me fait ça ? » ni « pourquoi me fait-on ça ? », ni projection sur un quelconque futur. Le toucher c’est ici et maintenant (hic et nunc). Et le but du lâcher-prise c’est précisément de sortir des projections (souvent anxiogènes) pour apprendre à goûter l’instant présent. L’état mental où le patient est alors placé l’amène à ressentir les stimulations physiques avec d’autant plus d’acuité et de conscience (pleine conscience) qu’elles sont déconnectées d’apriori et jugements de valeur ou de tabous (dont le cerveau gauche nous impose généralement le filtre).
Une approche comportementale
Différents professionnels du soin occidentaux pratiquent des touchers et des massages se référant à l’approche de pleine conscience. Ce sont parfois des massages assez libres qui ne se réfèrent pas toujours ou pas spécifiquement aux massages cachemiriens ou autres massages traditionnels. Au cours de ces massages, les patients sont invités à abaisser leur seuil de résistance au lâcher-prise et incités à tenter de seulement ressentir (de manière binaire) si le toucher leur fait plutôt du bien au plan épidermique et/ou viscéral (ou leur est plutôt désagréable)… en oubliant le filtre de leur cerveau gauche, leurs interdits, leurs projections et tout jugement de valeur.
Cette démarche s’inscrit ça dans une approche comportementale.
Le mindfulness touch invite le patient à bien vouloir et savoir écouter, au plus profond de lui, ce qui est bon pour lui… pour autant qu’il veuille bien lui-même s’autoriser à le ressentir et à l’exprimer.
Indications
Quelles sont les personnes qui relèvent de l’indication du mindfulness touch :
- Nombre de personnes souffrent de leur image d’hommes ou de femmes coincés ou revêches… alors qu’ils sont souvent seulement timides ou en situation de manque d’estime d’eux même, du fait de situations personnelles compliquées.
On dit par exemple ainsi de ces personnes qu’elles paraissent « mal dans leur peau » et plus particulièrement d’un homme qu’il a « avalé un parapluie » ou d’une femme qu’elle est « mal baisées » (comme si cela devait se voir sur son visage ou dans son comportement).
Ces personnes sont ainsi affectées d’une double peine : à la fois d’une vive souffrance intérieure, effectivement liée à un manque d’épanouissement physique, compliquée d’un sentiment d’exclusion sociale et de solitude.
Ces personnes sont les premières à bénéficier d’un retour à l’épanouissement du corps et de l’esprit par le mindfulness touch. Et à regagner une posture et une image de personnes épanouies et ouvertes ; ce qui les réintègre dans les circuits des personnes dont on recherche la compagnie et dont plus personne n’oserait se moquer ;
Mais on ne peut se soigner que si on se reconnait en souffrance. Et nombre de personnes ne se voient pas elles-mêmes et ne perçoivent pas ce qu’elles pourraient améliorer de leur ressenti ni de leur situation sociale. Ces personnes sont heureusement parfois amenées au mindfulness touch par un ami ou un thérapeute ;
- D’autres personnes surmenées, usées, fatiguées ou en burn out et qui ont ainsi du mal à lâcher prise, mais aussi du mal à ressentir des émotions dans leur corps (trop habitué à se fermer) sont parfois également amenées au mindfulness touch par un ami ou un thérapeute. Ces personnes n’ont souvent aucune attente sensuelle (ressentie ou exprimée), mais comprennent en général aisément que la stimulation des zones qui amènent un plaisir sensuel en pleine conscience contribue à les ramener à a vie ;
- Des personnes souffrant de troubles sexuels (souffrances vaginales, dysfonctionnement érectiles d’origine psychologique, blocages émotionnels et manque de désir) peuvent également relever de l’indication du mindfulness touch ;
- Enfin, le mindfulness touch attire des personnes au contraire débordantes d’attentes et de frustrations émotionnelles, mais habituées au renoncement et au silence, dans un cadre également de recherche de stricte bien-être et de développement personnel.
Les zones érogènes, le périnée, le sexe ne sont bien sûr pas épargnés par les stimulations du massage, des touchers ou appuis fixes, mais le massage ne se limite généralement pas à ces zones (sauf si la patient présente un désordre ou blocage particulier ou une demande spécifique).
Vous voulez en savoir plus sur les fondements, la philosophie et/ou les autres applications thérapeutique du mindfulness (ou de la pleine conscience), suivez : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pleine_conscience.
L’anecdote de la poussette
Jade, une jeune initiée au mindfulness touch racontait récemment aux participants d’un séminaire d’atelier du toucher une anecdote, survenue dans le bus 63, à Paris, quelques années plus tôt. Elle avait alors à peine 17 ou 18 ans et ne détestait pas montrer ses longues jambes, nues et bronzées, sous une courte jupe (qu’elle portait d’ailleurs parfois avec un string minimaliste). Pour autant, elle n’était pas du tout prête à exciter la convoitise et surtout les assauts des prédateurs masculins.
Mais, ce soir de mai, littéralement écrasée dans le bus par une foule compacte, Jade avait senti, derrière elle, un appui brutal et insistant, sous la fesse gauche. Panique ! Horreur ! Une chaleur intense lui montait aux joues, mais elle était incapable de tout mouvement, de toute réaction. Elle n’osait ainsi même pas tenter de se retourner ni risquer le moindre mouvement qui aurait pu favoriser l’avancée du corps étranger vers sont « intimité ». Sa mère et sa grande sœur l’avaient pourtant mise en garde ! « Ne sors pas comme ça ! Ne sois pas aussi volontairement provoquante. Tu es un « pousse au viol ».
Pourquoi ne les avaient-elle-même pas « entendues » ?
Ainsi, pétrifiée, elle allait défaillir. Mais il lui fallait tenir. Incapable de penser, elle finit par se résigner à ne rien faire, jusqu’à la station Odéon. L’arrêt de la place de l’Odéon était maintenant à moins d’une minute. Et Jade espérait que l’agresseur ne tenterait pas non-plus d’avancée dans ce court laps de temps.
Ce « court laps de temps » lui sembla une éternité. A la station, elle n’eut pas le courage d’affronter le regard de son agresseur et resta, yeux baissés, quelques instants cramponnée à la poignée de maintien. Jade espérait que la porte s’ouvrant, l’étau de la foule se desserrerait et qu’elle pourrait faire un quart de tour en direction de la sortie, pour s’échapper. Mais elle fut bousculée par une maman maladroite qui tentait de dégager sa poussette pliante… dont la poignée était en fait le véritable agresseur phantasmé.
A quelques années de là, Jade était enfin capable de rire de cette anecdote, mais surtout de comprendre le filtre que son hémisphère cérébral gauche lui avait imposé. Ce filtre la rendant incapable de seulement ressentir si le contact de cette poussette était objectivement pénible ou non.
Et surtout ce filtre la rendant incapable de saisir l’évidence objective de l’innocuité de ce contact.
Aujourd’hui, Jade serait capable de ne pas tant s’émouvoir d’un tel contact. Et, tout simplement, de se tourner pour identifier son auteur et la réalité ou non d’une menace.
Comme elle, combien de jeunes filles ou jeunes femmes (non-initiées au mindfulness touch) s’affoleraient, phantasmant alors une main baladeuse, indiscrète et mal intentionnée.
Aujourd’hui, Jade est en effet capable d’une perception binaire et en pleine conscience, du type : « ça me fait mal » ou « ça n’est pas désagréable », sans prise en compte de « qui me fait ça » et sans jugement de valeur ; c’est-à-dire sans le filtre moral, social ou religieux de son hémisphère cérébral gauche.
Jade est ainsi heureuse de savoir recevoir un profond massage qui éveille tous ses sens, en pleine conscience (mindfulness touch). Et ce, aussi bien de Pierre, Sarha ou Paul. Le fait que le praticien masseur soit homme ou femme, jeune ou vieux, n’importe pas, pourvu qu’il soit professionnel, respectueux et « innocent » (c’est à dire, au sens étymologique qui ne veut – ou ne peut – pas « nuire »). Etudiante en psycho, Jade participe ainsi parfois, lorsque ses études lui en laissent le loisir à des ateliers et séminaires de mindfulness touch, comme orateur, comme témoin ou comme coach.
Pour en savoir plus, lire l’article sur « Massage de pleine conscience et sexualité positive »